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Hocotate Ship - Pikmin

Il y a eu une grande dispute dans la tribu des pikmins. Alors qu’ils classaient les trésors ramassés par valeur un peu avant la tombée de la nuit, l’avant-dernier objet collecté allait diviser les pikmins jusqu’à déchirer une famille, papiers du divorce à l’appui. Ce trésor était encore plus particulier que les autres : une moitié de pile Duracell fondue collée par un chewim-gum à un reste de trognon de pomme envahi de fourmis. Un ver gras et fainéant, qui y avait élu résidence, se débattait mollement pour essayer de repousser l’invasion des travailleurs noirs. « Arrêtez de grignoter ma baraque ! J’ai travaillé dur pour l’infester ! ». On pouvait lire le désespoir dans ses yeux à chaque nouveau morceau de pomme découpé pour être emporté jusqu’à la fourmilière. Mais les pikmins étaient trop occupés à débattre pour s’intéresser au gros ver et à ses envahisseurs.

Alors qu’on faisait de la place pour ranger cette trouvaille magnifique avec les trésors les plus précieux, on pouvait entendre les grommellements des mécontents s’échapper de la foule. C’est un pikmin rouge qui avança le premier. « Vous n’allez quand même pas balancer ce machin sur le même tas que des trésors aussi précieux qu’un bras de Playmobil et un reste de mouchoir usagé ! C’est un gros tas de ♥♥♥♥♥ ! ». Soulagés par le courage de celui qui a su dire tout haut ce que presque la moitié des pikmins n’osait que chuchoter à mi-volume, de nombreux autres pikmins - essentiellement des rouges et des jaunes -, enhardis par la vaillance de leur frère, ont importé le débat jusque dans la masse des spectateurs qui, jusque là, se contentaient de penser très fort. Seuls les pikmins blancs, la minorité visible faite de chétifs aux gros yeux rouges, se sont tus de peur de devenir l’ennemi commun quand les deux parties, épuisées de se battre, chercheront un terrain d’entente. Le reste de la tribu commençait le débat. A partir de cet instant, il n’y avait plus de retour en arrière possible.

Très vite, le brouhaha des arguments battait son plein. Le même sujet animait toute la colonie qui s’échangeait les mêmes sophismes d’un bout à l’autre de la foule, si bien qu’on pouvait interchanger des interlocuteurs situés jusqu’à trente centimètres de distance sans rendre la conversation incohérente. Avec les haussements de ton, la parole devint bruit. A ce moment, on pouvait encore entendre des idées se répondre, « ce trésor n’est pas assez précieux pour être rangé avec nos plus belles merveilles » et les contradictions des uns se faisaient se faisaient anéantir par les offuscations des autre « mais il y a un chewim-gum au milieu ! C’est une splendeur ! ». Plus les minutes s’empilaient et plus le sang qui coulait dans le front des pikmins bouillait. Peu à peu, les dérives verbales devenaient de plus en plus nombreuses. Au coeur du débat venaient ainsi s’immiscer des attaques ad hominem et d’autres hors-sujet vomis par des bouches qui gardaient de la rancoeur depuis trop longtemps dans la poitrine ; « Tu as été adopté » ou encore « de toute façon, je ne t’ai jamais aimé ».

Le gros ver, alarmé de n’avoir plus qu’un pépin pour toit, hurlait comme Cassandre pour prévenir les pikmins trop occupés à se disputer pour l’entendre : les fourmis avaient fini d’embarquer la pomme et allaient maintenant emporter le reste du trésor et avec lui toutes les babioles entassées derrière les vaisseaux au prix d'une journée de labeur.

Du côté de la foule, on continuait de s’écharper alors que la pile des trésors amassés diminuait à chaque aller-retour des fourmis. Olimar, qui revenait de la montagne avec le petit groupe qui l’accompagnait, a soufflé si fort dans son sifflet qu’il s’en est fait péter une veine. Tous les pikmins ont sursauté, lançant leurs regards de chiens dressés vers le pif du gros rondelet. C’est alors que la foule, traversée d’une idée commune, s’est trouvé cet ennemi commun qui allait finir la dispute.

Après s’être débarrassés des quelques fidèles qui ont insisté pour offrir leur vie à la défense de l’astronaute - et aussi d’une petite quinzaine de pikmins blancs qu’on a agressés parce qu’ils avaient les yeux trop gros et trop rouges -, la colonie de pikmins a ligoté Olimar, lui a attaché un gros caillou à la chaussure et l’a transporté jusqu’à la rivière où il fut jeté. Après quoi le pikmin rouge qui avait pris la parole en premier, encore un peu essoufflé par la dépense de tant d’efforts, a proposé une solution qui mettrait tout le monde d’accord. Chaque camp devrait choisir une dizaine de pikmins pour les représenter. Ils formeraient deux équipages qui piloteraient chacun un vaisseau aux courses de la BallisticNG. Le gagnant déciderait où ranger le trésor.

Tous acquiescèrent une idée si brillante, et peu importe s’il fallait trois mois de voyage pour aller jusqu’au guichet de la BallisticNG le plus proche. L’équipe de ceux qui pensent que ce trésor ne vaut pas une canette de Pepsi piloterait le Hocotate Ship.

Les droits d’auteur ont été balancés à la flotte avec Olimar.